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Réponse à une excellente question technique sur le débourrage des chevaux :

Voici la question : « Je vois de plus en plus de gens débourrer des chevaux de façon "éthologique" et dès le plus jeune âge apprendre aux chevaux à chasser les hanches pour soi-disant une histoire de frein . Je ne suis pas un grand partisan de cette manière de débourrer. Pourrais-je avoir en quelques lignes votre avis sur la question ? »

Commençons par un point de détail ; si notre ami Nicolas Blondeau dit qu'il faudrait remplacer le terme de débourrage par le terme éducation, c'est que le vocabulaire a son importance, et qu'il s'agit d'une première éducation, laquelle devra être suivie de beaucoup d'autres phases, et non qu'il s'agirait d'un mode de dressage en soi. La connotation de ce mot a d'ailleurs des relents de domptage ou de coercition, comme le terme anglais « breaking  a horse » qui lui parle carrément de les « casser » … ! Le débourrage, c'est donc de l’éducation, d'autant plus importante que c’en est la base.  Donc il faut accorder à cette phase beaucoup d'attention.

J'ai eu l'occasion de reprendre une jeune jument de 4 ans que son propriétaire avait fait débuter par une éthologue ayant pignon sur rue : la jument qui aurait eu de belles allures avait appris à chasser les hanches à la moindre pression, et à « accepter » le mors en « cédant » à son contact ; résultat, elle avait compris qu'il ne faut pas se servir de ses postérieurs pour pousser, puisqu'il faut être toujours prêt à les amener de côté. Lorsqu'on lui demandait de s'employer un peu, soit il y avait incompréhension, et juste un peu d'agitation de la tête ou des membres, soit il y avait explosion. Pas moyen de canaliser alors cette énergie, puisque l'utilisation du simple mors de filet l'amenait à baisser le nez et s'enfermer. Diagnostic simple et visible : elle était peut-être contrôlable quand elle était calme voire endormie, mais alors parfaitement sur les épaules et avec une impulsion (désir de se porter en avant) égale à zéro. Et elle avait commencé à perdre ses allures et à apprendre à ne pas répondre aux jambes ou à toute autre action lui demandant de se porter vers l'avant … il fallu plusieurs mois pour la remettre dans le droit chemin !

Il faut dire que les méthodes dites éthologiques ont surtout leur utilité pour apprendre à contrôler des chevaux destinés au loisir, à la promenade ou à l'instruction. Point n'est besoin de développer leur forces propulsives, d'abord parce qu'ils n'en ont guère ( ce qui n'était pas le cas de cette belle jument de sport ), ensuite parce que leur mise en situation n'en fera pas la priorité. Alors que pour des chevaux de sport, tout ce qui nuit à leur propulsion nuit aussi à l'expression de leur potentiel d'allures ou de leur potentiel à l'obstacle.

Cela dit, j'ai vu des cavaliers plutôt « oliveiristes » et plutôt expérimentés débuter des lusitaniens en laissant de côté la propulsion, mais avec des aides très légères ; en effet il s'agissait de chevaux avec peu de force derrière, et une vraie capacité de « pro-traction » par les épaules, donc la mise dans les aides n'impactait pas leur capacités locomotrices. Et ce sont dans l'ensemble des chevaux sensibles et généreux, doués pour le rassembler donc avec une impulsion et un équilibre naturels que de telles pratiques, effectuées avec tact et compétence, ne détérioraient en rien.

De même, pour moduler ma réponse, j'ai bien conscience que l'ordre des étapes de la progression du dressage d'un cheval n'est pas immuable, même s'il a été grandement théorisé. Quand on commence le travail d'un jeune cheval, on a déjà en tête l'objectif à atteindre : on a une envie de rectitude, car il faudra bien symétriser son fonctionnement, un sentiment de ne pas l'empêcher d'aller vers un rassembler naturel, s'il en a la capacité, et une idée de légèreté, car on se refuse à la coercition, même si avec les poulains il faut parfois du tonus pour être clair, voire même pour rester dessus … !

Mais quand on a affaire à des chevaux de sport avec de la force et des allures, il est impératif d'aller avec eux, de les laisser « passer » dans leurs allures naturelles, bref de les laisser fonctionner. Il est tout aussi impératif de garder le cheval en ligne, avec les hanches qui poussent sur les épaules. Lorsqu'il sera habitué aux contacts divers et au poids du cavalier, la première phase du travail sera d'abord de régulariser les allures, en conservant leur rythme, donc leur propulsion naturelle ; la seconde phase sera consacrée à améliorer l'harmonie et la confiance, pour que les éventuelles contractions du début se transforment en souplesse ; et la troisième phase sera celle d'une mise sur la main élémentaire, pour avoir un minimum de contrôle sur la vitesse et la direction.

 Comment pourrait-on l'obtenir si on a commencé par éloigner ou désengager les postérieurs et apprendre au cheval à chasser les hanches au lieu de s'en servir pour pousser ?

Pour schématiser, disons que ces techniques reviennent à proposer de régler les freins avant d'avoir su si l'accélérateur fonctionnait . Mais, à part entre des mains expertes, cela revient toujours à perdre la locomotion ou l'envie d'avancer, ce que le cheval ainsi dompté fait très volontiers, d'autant plus que cela lui demande plutôt moins d'efforts …

En fait, la raison de ces principes, que l'on retrouve dans quelques ouvrages de pédagogie dite « éthologique » ( n'oublions pas que ce mot est incorrectement employé, voire détourné par ses utilisateurs, comme une facilité de langage par rapport à la science de l'éthologie proprement dite ), et qui sont appliqués par les centres équestres qui s'en réclament, est double : d'une part rassurer les clients qui veulent des chevaux « ne bougeant pas », d'autre part les garder dans leur système économique où la compétition n'a pas sa place, ou si peu … comme ils n'ont guère de lien avec le monde du sport, ils se contentent de ces principes erronés, et comme ils ont une bonne santé sur le plan économique, ils ne voient pas d'intérêt à remettre leur pédagogie en question .

Je comprends cette démarche, et je ne me fâche nullement à leur encontre, car, au vu de la question posée initialement par un cavalier en vue d'une valorisation de jeunes chevaux de sport, j'ai tendance à plaisanter et à dire :  « laissons les faire, ils seront plus faciles à battre en épreuves », et s'ils font ainsi gaspiller le potentiel de bons jeunes chevaux, ils ne sont pas les seuls, car « la mère des chevaux n'est pas morte » comme disait le comte d'Aure …

Simplement, et pour conclure sur le strict plan technique, ces conseils consistant à apprendre d'abord à un  jeune cheval  à chasser les hanches, sous prétexte de pouvoir le contrôler, sont parfaitement erronés si on a pour but  « le développement harmonieux de l'organisme et des moyens du cheval », en passant par la case épreuves sportives le cas échéant, en vue d'un partenariat équilibré pour obtenir un fonctionnement « juste » de notre monture.

                                                                                                        BM 13/09/2015

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